“Une griffe pour deux âmes”

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Une griffe pour deux âmes

A la quête de la Chance

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Prélude #2

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« Ton voyage légèrement commence,
Où la neige du matin en tous sens,

Unifie le charbon embrasé,

Source d’un essoufflement libéré. »

 


Sous la lune parlaient nos deux chers frères,

« Observes-tu des signaux dans les airs ?

Nos pensées, ces ondes laissent-elles bien trace ? »

Témoignant ainsi cette autre face :

 


« Ouvre ton esprit, bien que surprenant,

N’emprunterais-tu pas deux courants ?

De cet éveil, gardant notre sillage,

Élevons la magie du voyage. »

 

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Tristan et Pierre, deux personnages destinés #3

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On est « meilleurs amis » lorsque l’on se connaît parfaitement. Si telle en est la définition, alors Tristan et Pierre étaient meilleurs amis depuis leur plus jeune âge. Ils passaient toutes leurs vacances à Paris chez leurs grands-mères, à jouer les aventuriers. Ces séjours leur avaient forgé une imagination débordante et une culture tout aussi épanouie.

L’histoire que vous allez découvrir se déroule en France au milieu du XXème siècle. A une époque où l’industrialisation permet une vie plus confortable et du renouveau.

Malgré leurs situations sociales opposées, leur amitié en était tout autant renforcée, puisant chacun d’un côté comme de l’autre ce dont il leur manquait.

A deux pas l’une de l’autre, la maison de leurs grands-parents leur permettaient de se rencontrer pendant les vacances scolaires. Chacun vivant dans un univers familial bien différent, Tristan rêveur et entreprenant, venait du milieu ouvrier; Pierre lui connaissait plus particulièrement, les grandes circulations mondaines. A cette époque les familles ne se mélangeaient pas. Paris est la capitale, le pouvoir passe par l’argent, peu par la valeur humaine.

Les liens entre leurs mères, ont fait de ces inséparables des “touches à tout”. Étant toujours à l’affût des affaires et histoires secrètes des clients de leurs parents, ils aimaient se raconter leurs plus remarquables aventures.

Tristan Demont Traisör est un aventurier fonceur, ayant besoin de constamment voyager. Il aime surtout découvrir de nouvelles expériences, et se libérer l’esprit lors de longues marches.

Trouver les clefs de la réussite, du bonheur et de la chance, telle est sa quête. Volontaire, il aide ses parents dans la vie de tous les jours. La maison de ses parents est située à côté de Lille, à Hellemmes. Entre tâches quotidiennes et travaux manuels, il est continuellement en activité. Proche de la trentaine, né dans une famille d’artisans, il connaît les valeurs humaines et la valeur du travail, il habite avec sa famille pendant les périodes importantes d’activités, les vacances scolaires et l’été. Le reste de l’année, il voyage souvent pour faire de nouvelles rencontres, à pied, à vélo, parfois en train, toujours muni d’une plume.

Venant d’un milieu où l’argent, le savoir, et le bien être est un luxe à conserver, la motivation de Tristan trépigne d’enthousiasme pour trouver la clef du bonheur. Grand rêveur, d’une imagination débordante, il s’intéresse à tout. A la fois bricoleur, artiste, aventurier, il passe des journées entières avec sa mère Ema, ce qui l’amène à fréquenter beaucoup de femmes.

Lavandière pour une grande famille d’héritiers proche de Lille, Ema Traihsör, sa mère travaille le linge quotidiennement, ils peuvent ensemble ainsi aborder nombreuses discussions sur les histoires du quotidien.

Son Père, Eliot Demont est artisan dans la menuiserie et confectionne des échelles en bois. Il est aussi aidé régulièrement par son fils dans ce travail manuel.

Cela fait maintenant deux ans que Tristan prépare son projet parallèlement à ces activités. Pratiquant depuis toujours toutes sortes de tâches manuelles, il écoute très souvent ce qui se raconte dans le milieu de la noblesse.

Pierre Carret, étudiant en médecine, plus jeune que Tristan, d’un caractère plutôt passif et grincheux, le suit dans toutes ses aventures. Fils d’Architecte, il a toujours eu ce dont il avait besoin, faisant de lui un jeune homme qui rêve de rêver.

Pierre vit encore chez ses parents, il étudie dans la ville de Nancy. Sa mère très possessive lui a transmis son intérêt pour la médecine. C’est au quotidien qu’il aime soutenir ses proches durant les moments difficiles de leur vie. Aujourd’hui, remettant en question les choix d’orientation imposés par sa mère, il cherche une réponse à son avenir. Son destin semble être tout tracé, et pourtant, tant de choses encore l’attendent.

Paul Caret a appris de bonne heure à son fils, les ficelles de l’architecture, mais il n’en a retenu que la logique : « on construit un édifice sur de bonnes fondations, pour élever vers le ciel l’Esprit de l’homme »

Elia Essey Caret, parait être une mère possessive. Etant secrétaire, elle lui enseigna très tôt des connaissances sur la médecine occidentale. Pierre se passionne d’entendre les anecdotes des patients du cabinet. Encore étudiant en médecine, il dispose d’une liberté qu’il met au service de ses amis. Grâce à ses parents généreux, il peut avoir ce qu’il veut, car dans leurs deux cabinets, les affaires fonctionnaient à merveille. Ceux-ci, tous deux situés avenue Jeanne d’Arc à Nancy, disposent d’une importante clientèle. Toujours à l’écoute, Paul prépare de grands projets de construction.  Elia, elle, travaille pour un docteur généraliste qui répond à tous les problèmes de ses patients. Une vie facile lui a été tracée, la santé, la richesse et la culture.

Seulement Pierre veut rêver à son tour et cela malgré son scepticisme. Il était prêt à se laisser conduire à de nouvelles découvertes, car il aime avant tout passer le meilleur de son temps avec son camarade.  Leurs retrouvailles leur permettent à chaque fois de se raconter leurs dernières anecdotes.

Prêt aujourd’hui à un nouveau départ pour la grande aventure, Tristan a forgé son esprit volontaire avec un cœur d’or : « lorsque l’on travaille comme ouvrier, la force est dans la tête, les bras ne font que suivre. La réussite, c’est de se surpasser pour surmonter les difficultés, les douleurs. Oubliez le mot « problèmes » pour ne penser qu’à « solutions » », disait-il. « Le pessimisme c’est de voir des problèmes là où il n’y a que des situations. »

Il le résume assez bien, car pour lui la pensée va au-delà encore des mots.

En voici sa définition :

« D’abord se décider, ensuite agir, et toujours garder le cap. »

 

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Les questions pour un nouveau départ #4

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Le départ approchait, Pierre souhaitait comprendre les motivations de son autre. Ils profitèrent d’un soir au calme pour parler de ce futur voyage.

Pierre :

Pourquoi décider de partir à l’aventure? Quelle serait pour toi la signification du mot « aventure » ?

Tristan :

Nous allons partir ensemble, nous y sommes bien préparés. Un voyage comme celui-ci n’est pas une fuite, mais un chemin vers des découvertes. Comprends-tu ce que c’est ?

Cela sert à vivre de nouvelles expériences, suivre son destin, imaginer son avenir. Ce qu’on a vécu ensemble m’encourage aujourd’hui à faire ce voyage avec toi, c’est un choix naturel que je te propose.

Tel Don Quichotte accompagné de son compagnon, nous allons nous confronter à différentes épreuves, qui sauront nous rendre plus fort. Nous tacherons « ici » d’agir dans la sagesse.

Pierre :

Ne faudrait-il pas avoir peur de partir sans savoir où arriver ?

Tristan :

Qu’appelles-tu « peur » ?

Si ce sont les sensations négatives qui nous empêchent d’avancer, alors oublie cette peur. Par contre si c’est la masse qui nous freine, prend plaisir à l’entraîner jusqu’à avoir assez d’inertie, assez d’élan. Une fois lancé, la peur ne fait plus partie des choses qui doivent te freiner.

Elle te permet de garder les yeux ouverts pour ne pas t’endormir. Le contrôle de soi, de ses choix, de la direction que l’on prend, sont des prises de conscience.

Cette peur, que l’on appellerait plutôt « appréhension », a besoin d’un volant et d’une attention permanente sinon c’est le mur. Craindre sans même être conscient des choses mène à ta perte.

Ainsi le résultat sera au rendez-vous, cette attention permanente te permettra d’aller chercher l’assurance nécessaire, et y trouver le pain du retour pour la fin de ton voyage.

Pierre :

Qu’y a-t-il à trouver derrière cette quête ? Pourquoi devrais-je suivre ?

Tristan :

Tu ne suis personne, c’est toi qui le veux vraiment. Tu y trouveras une richesse : “le secret du bonheur”.

Le héros Aladdin dans le conte, disposait d’une lampe et d’un génie. Tu disposes de ta volonté, de ta sérénité. La magie ici, sera d’associer les facteurs de réussite qui combleront tes besoins.

Une fois assimilés, cette nouvelle découverte intérieure sera très utile pour toi. Tu pourras alors aider tes parents et aussi ceux que j’aime, par les richesses que tu auras créés.

On dirait Pierre que tu cherches encore ton équilibre pour réussir pleinement. Alors, lorsque tu auras trouvé ce chemin, tu pourras accompagner d’autres personnes dans le besoin. Il faut que tu saches qu’il est bon de donner.

Nous sommes tous libres, celui qui me suit est libre tant qu’il le décide lui-même. Tu trouveras dans cette aventure la réponse à la question, la curiosité pour moteur, et l’amour pour finalité.

Suis le chemin et tu verras ce dont tu cherches !

Ce projet mûrement réfléchi, serait le nouveau départ d’une vie de réussite et d’aventure. Tristan s’était décidé à choisir son destin, une nouvelle fois accompagné de son meilleur ami Pierre.

Leur parcours était encore à définir, devant eux, avec deux mots pour guide : « la chance et le bonheur », l’un portant l’autre, et réciproquement. « Chance et bonheur”, ces deux mots, ils devaient tous deux les comprendre, les vivre, les partager.

Depuis toujours intéressé par la réflexion, Tristan portait un grand intérêt pour la spiritualité, la philosophie et manifestait une certaine attention à la pratique hermétique. Il utilisait un pendule qu’il portait dans sa poche. Cet instrument lui servait également de boussole, et lui permettait quelques fois de se sortir de ses plus gros doutes.

Quant à Pierre, il développait un esprit sceptique concernant les superstitions, les mythes, les traditions, ou encore les hasards de la vie. Très pragmatique, il aimait avoir une explication rationnelle des choses.

Leurs personnalités se complétaient bien, Tristan avait toujours des anecdotes peu croyables à lui raconter sur ce qu’il avait entendu à propos de gens, chanceux ou malchanceux.

« L’extraordinaire » pour l’un, ou « l’imaginaire » pour l’autre : “les personnes s’inventent des histoires pour se rendre intéressantes” racontait Pierre.

Bien qu’ayant préparé son projet, une grande motivation lui allait être nécessaires pour supporter la faible foulée de son camarade Pierre.

 

 

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Les vérités humaines #5

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Avec cette préparation, le jeune rêveur avait convaincu son acolyte de le suivre à l’aventure sans plan précis, mais avec une idée : « faire ressortir les vérités humaines, la quête du bonheur, la quête vers la réussite, la quête vers la chance ».

Tristan savait défendre ses idées, étant équipé d’une force persuasive contre le pessimisme. Il avait de l’ambition, telle une arme à longue portée qui lui permettait de viser haut et loin.

D’une manière plus réticente, Pierre lui se munissait d’un bouclier à toute épreuve, servant à la fois de camouflage et de protection. Pour lui  « la vérité se trouve en face à face, elle se constate sur le moment, en expérimentant concrètement », pouvait-on l’entendre dire.

Les deux confrères se connaissaient bien, un jeune incrédule attend surtout qu’on lui prouve qu’il se trompe et en effet bien souvent c’était le cas.

Ils avaient d’ailleurs parié la direction de ce départ à l’aventure en y confrontant le hasard. Celui qui influencerait les jetés de cinquante dés, et qui obtiendrait le plus souvent le chiffre 6 remporterait le dernier mot. Tristan avait gagné la partie en faisant treize jetés gagnant, alors que Pierre a eu moins de chance, avec seulement neuf jetés en sa faveur.

Depuis ce pari gagné par Tristan, son jeune camarade fut donc contraint de le suivre dans cette future aventure.

Contraint ?

Pas complétement…

La première étape avant le départ fut le choix des bagages. Tristan, plus intuitif, va choisir ce qu’il appellera l’essentiel. Tout le contraire des volontés de son compagnon.

Ils s’entendront sur une chose, l’un pouvant s’en passer alors que l’autre s’en rassurera :

« En voyage, l’Argent permet d’alléger les bagages initiaux. »

Reste à voir quels bagages porteront-ils sur ce chemin, en garderont-ils pour le retour?

Tristan connaissait les choses essentielles « l’art de donner ». L’argent nous provoque la peur de perdre ou bien de ne plus avoir. La possession freine toute avancée, ainsi faut-il s’en libérer, ou plutôt s’habituer à cette facilité? Peut-être devrions-nous essayer de résoudre nos besoins matériels différemment.

Tristan :

Tu souhaites prendre cet argent, ainsi je te laisserai faire. Pourtant là où nous allons, il ne te sera pas approprié. A toi d’écouter quels sont tes vrais besoins. Donnes-tu souvent de ta propre volonté ou alors à contre cœur, par pitié ?

Serait-ce si bon pour toi d’en être autant attaché ?

Pierre :

Tu ne me laisses pas le choix, si j’ai besoin de choses importantes pendant le voyage, il me faudra bien de l’argent pour les acheter.

Tristan :

Ce n’est pas du tourisme que nous ferons, mais bien de l’exploration, la découverte de l’inconnu. « Utiliser l’argent » serait comme acheter la facilité.

Là-haut, nous devrons trouver des solutions par nous-mêmes, et ne pas regretter nos actes.

Pierre :

Et bien ici est mon choix, il faut le respecter et m’accorder ces quelques libertés.

Tristan :

Quand tu auras vraiment confiance en toi Pierre, et envers les choses, cet argent tu pourras alors t’en libérer, et tu auras ainsi lâché prise.

La valeur des choses n’est pas tant dans le prix affiché mais dans ce que tu en fais vraiment.

Une pensée de bonté envers un miséreux, peut avoir infiniment plus d’importance que tout-autre somme que tu pourras lui accorder.

Avec ton argent, tu peux donner, mais surtout n’oublie pas d’y mettre du cœur dans ton geste. Cela passe d’abord par la sincérité de ce geste.

Pour voyager chacun aura décidé de prendre l’essentiel, les affaires d’un long voyage doivent être légères mais surtout bien ciblées.

Affaires de Tristan :

son pendule : à utiliser avec ou sans la carte pour trouver ce qu’il recherche en cas de gros doute

une carte de la France : pour naviguer sur les principales routes et se repérer

une bonne paire de chaussures : indispensables lors de longues marches

Affaires de Pierre :

une boussole : pour s’orienter, car préférant la vraie direction géographique

un grand porte-monnaie : prévoyant une grande somme d’argent pour acheter ou payer tout ce dont ils auraient besoin

un sac à dos : pour tout contenir

« Voyager léger !  » Voilà la consigne.

 

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Principe de Mentaliste :

Ta pensée emprunte la Lumière

Les questions d’un voyage initiatique #6

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Cette aventure allait maintenant pouvoir commencer, encore restait il quelques questions à échanger.

Pierre :

Que peut-on découvrir durant ce voyage, et quelles sont les quêtes qui pourraient m’attendre ces prochains jours ?

Tristan :

Un voyage est le moyen de changer intérieurement, changer d’état d’esprit, se libérer du poids des habitudes, et des contraintes de la vie quotidienne.

Sais-tu que le monde te contraint aujourd’hui à plus de choses que tu ne saurais imaginer ? Et que par la faute de ta passivité beaucoup d’entre elles te seront à jamais rattachées.

Pour cela, tu es libre de contrôler ces habitudes, ce travail c’est à toi de le faire, pour retirer ces chaînes qui lourdement t’emprisonnent. Lorsque l’on voyage, on retire un lourd poids de ses chaînes qui te permettront te délivrer.

Donne à ce voyage un but, et tu verras se transformer en ailes, les poids qui te freinent.

Du moins c’est ce que t’apprendra cette aventure.

Pierre :

Ainsi, je ne peux pas savoir ce qui m’attend ?

Tristan :

Heureusement que non Pierre, sinon ce serait un programme, qui est à nouveau une chaîne de plus, une servitude. Il est tout aussi préférable de ne pas savoir ce qui nous attend, une surprise en laquelle il faut faire confiance.

Une chose évidente pour nous, au bout du voyage nous aurons détaché bon nombre de poids et nous serons prêts à nous envoler. Comme le ferait un papillon après sa transformation.

D’ailleurs, sais-tu comment se transforme un papillon ?

Pierre :

Tu veux dire une chenille ?

Tristan :

Si pour toi c’est la chenille qui se « transforme, « ici » en ce moment c’est bien le papillon potentiel qui se transforme, celui dont nous parlons.

Sa maison est en son corps, il arrive à s’en extraire avec légèreté.

La chenille est un insecte terrestre, un papillon qui souhaite s’envoler. Une fois s’être nourris de l’essentiel de la terre, il est alors prêt à se transformer et enfin battre des ailes.

Sais-tu pourquoi il se transforme ?

Pierre :

Non pas vraiment, chercherais-tu à me faire un cours de science naturelle ?

Tristan :

Plutôt d’élargir ta philosophie de pensée.

Le papillon se transforme car il le peut, c’est en lui. On lui a donné cette faculté pour qu’un jour, il puisse retrouver les cieux.

De ses ailes, supporteront les âmes du monde.

Nous découvrirons « ici sous nos yeux» en sa demeure, son potentiel gravée en son intérieur.  Telle une roche dévoile son reflet d’or offrant l’éclat de la beauté à son messager.

En chacun de nous y sont renfermées des ailes. Un jour elles se déploieront afin de nous laisser nous échapper de notre poids matériel.

La transformation de l’homme comme pour celle du papillon, permet par son corps de le libérer de cette Terre de Sagesse. Cette Terre Mère pourra ainsi le nourrir pour le faire évoluer au-delà des sphères du conscient.

 

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Le début de l’aventure #7

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Proche d’un opéra Parisien, les deux amis attendaient un voyageur avec qui ils partageraient le trajet. Tristan avait prévu depuis deux mois ce départ. Connaissant un magicien de cirque qui devait retrouver sa compagnie, ils pourraient ainsi voyager jusqu’à Orléans en voiture et dans les meilleures conditions.

Durant le trajet 

Tristan :

Cher Ronald, quel plaisir ce trajet avec vous. Nous aurions tellement de choses à vous demander.

Pierre :

J’aimerais savoir comment avez-vous commencé votre carrière de magicien, est-ce une affaire familiale ?

Ronald :

C’est le hasard de la vie mon cher, à vrai dire je n’ai pas vraiment choisi ce métier, c’est lui qui m’a choisis. Je suis d’origine italienne, mon nom est Zavatti et mes camarades m’appelaient souvent Ronald Zavatta comme le célèbre clown Achille Zavatta.

J’étais déjà à cette époque, très adroit de mes mains. Ayant grandi à Paris, j’ai gardé pendant mon enfance ce surnom, qui m’amusait beaucoup. Du moins j’ai appris à m’en amuser, mes parents ne supportaient pas ce jeu de mots, mais il fallait bien détourner la bêtise de certains faibles d’esprit. Cela m’a porté chance car j’ai fini par trouver mon métier de cette manière.

Pierre :

Alors comment êtes-vous devenu magicien ?

Ronald :

Par la force des choses, j’ai appris le métier de clown tout d’abord, dans une école de cirque. Cette activité de boute-en-train m’était toutefois moins familière que celle de magicien.

J’ai donc appris en parallèle des tours de magie dans cette même école : maitriser l’art de faire apparaître ou disparaître des choses, maîtriser les arts divinatoires, travailler avec son l’esprit, avec ses sensibilités. Je portais un grand intérêt pour utiliser l’adresse de mes mains, des mots, avec les objets et le public.

Voilà les qualités d’un magicien de cirque. Un clown est beaucoup trop maladroit pour que je puisse m’épanouir dans ce métier.

Tristan :

Pierre voudrait savoir comment fonctionne la magie, serait-ce vraiment magique, ou alors simplement de l‘adresse pour camoufler un tour ?

Pierre :

Y aurait-il un secret, une astuce pour chaque tour, pourquoi autant de mystère derrière cette pratique ?

Ronald :

Ah, je vois que vous vous intéressez comme la plupart des gens qui nous aiment.

D’après vous y a-t-il un tour ou des tours ?

Pierre :

Comment cela des tours ?

Ronald :

Je parle de la façon dont l’on perçoit le magicien. Disons que les magiciens sont de grands rêveurs. Un rêve vous montre ce dont vous voulez bien voir, et votre esprit en gardera ce qu’il aura sélectionné. Ainsi cette artiste vous offre des tours de passe-passe.

Voyez-vous ce qu’est « un magicien rêveur » ?

Pierre :

Un utopiste peut-être ?

Ronald :

Non, c’est l’artiste qui fait rêver.

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La philosophie du magicien #8

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Cette dernière question rendait Pierre encore plus interrogatif.

Pierre :

Pouvez-vous m’expliquer ce que cela signifie ?

Les magiciens imaginent beaucoup de choses, voulez-vous dire?

Ronald :

Sans vous dévoiler mes secrets, je peux vous parler de ma philosophie.

Chaque magicien peut avoir la sienne, elle dépend de son apprentissage. Ces différentes formations permettent de nous différencier.

Les sages chercheront à être eux-mêmes, ils créeront leur propre univers dans lequel ils voyageront librement.

Les moins imaginatifs ne feront que les copier en voulant impressionner.

Pierre :

Je ne savais pas que la magie avait un aspect philosophique.

Ronald :

Justement c’est dans l’inconscient de l’esprit qu’il voyage, comme je vous l’expliquais, le magicien construit d’abord un rêve, appelé « l’élévation ». Il sert à plonger l’observateur dans un milieu trompeur. L’esprit de l’observateur se retrouve dans un labyrinthe, ce passe-passe le fait s’échapper du moment présent et perturbe sa conscience de la réalité.

Puis ensuite réalise le tour, appelé « l’acrobatie » ou « l’expérience », comme lorsque vous rêvez. Le magicien joue avec votre esprit, comme le ferait un potier avec la terre, lui donnant la forme que vous voulez bien interpréter. La conscience de l’observateur est focalisée par le magicien lui permettant de se glisser dans une réalité parallèle.

Et enfin le réveil du spectateur, que l’on nommerait « le dénouement » rendant le tour magique. Le spectateur n’ayant pas vu les opérations du magicien, découvre un résultat mystérieux. Comme pour le potier qui aurait façonné un vase sans y toucher.

Lorsque que je fais un tour d’illusionniste, ce n’est pas pour épater le public, mais pour le faire rêver. Ainsi dès que je suis dans  « l’élévation », je peux commencer à engager le public dans le tour comme dans un manège onirique, ce passage est en fait une illusion de l’esprit.

Mon but est précis, voyez-vous ? Je n’improvise pas ce que je fais, même si cela en donne l’impression.

Imaginez-vous que vous me regardez. Lorsque je fais le tour de disparition d’une pièce, je me mets dans la peau de différentes entités, à la place du propriétaire de la pièce et à la place des regards.

Ma conscience se sépare ensuite de ces regards en restant aussi neutre que possible. Elle se divise si l’on peut dire, et je la mets à disposition de ceux qui observent le tour.

Ainsi ces opérations me permettent de faire disparaitre les choses, et je les fais réapparaitre où je veux. Celui qui m’observe ne peut donc pas voir ce que j’arrive à faire, il ne peut pas voir mon secret. La déconcentration des participants facilite d’autant plus le tour.

La pièce de monnaie est un peu comme ma présence, elle est trompeuse, telle une ombre en plein jour, le soleil au zénith. Comment « ici » expliquer cette présence obscure ?

Pierre :

Et cela marche? Une présence obscure ?

Ronald :

Seraient-ce donc seulement des mécanismes ?

L’illusionnisme pourrait être vu comme tel, mais la magie n’est pas un mécanisme banale, la magie dépend de l’humain.

C’est la conscience de ce que fait le magicien qui détermine la réussite du tour. Contrôler ce que l’on ne voit pas, ce qui nous tourne le dos, ce qui se cache. Nous sommes tous observés par cette autre face que nous pouvons maitriser.

Comme dans un rêve, le temps s’arrête et le magicien réussit à se glisser dans un espace temporel très précis qu’il contrôle, dans lequel personne ne peut le voir. Lorsqu’il utilise des pouvoirs magiques, il pratique une science oubliée.

Il décrit l’univers dans lequel il veut évoluer, lui permettant de réaliser des choses incroyables. Il courbe ainsi la réalité, rendant réel ce qui pourrait paraitre irréalisable. D’un regard extérieur cela est incompréhensible, alors qu’en fait, il applique les lois de l’univers, maître de son art.

Et enfin le public, dans le meilleur des cas, après le dénouement, une fois le tour réussi, peut applaudir l’œuvre de l’artiste.

C’est un long apprentissage car il faut une forte confiance en soi, et aimer infiniment ce que l’on fait. Rester humble importe pour pratiquer la magie. L’orgueil n’a pas sa place ici.

La patience et le travail sont les maîtres mots de cette activité, les plus grands vous le diront. Le mental se travaille pour obtenir satisfaction, afin d’aboutir à un contrôle parfait.

 

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Les tours du Magicien #9

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« Juste un tour d’adresse », pensait Pierre, pas vraiment convaincu. Pour lui la magie essayait de montrer des choses impossibles.

Pierre :

Quels autres tours connaissez-vous de plus impressionnants ? Faire disparaître des pièces ne m’impressionne pas. Je ne crois pas en la magie.

Ronald :

Alors si vous voulez y croire, je vais vous proposer un tour de mentalisme. Ayez confiance en moi.

Je vais deviner combien de pièces vous avez mis dans la main. Allez-y, sans que je regarde prenez le nombre de pièces que vous voulez et répartissez-les dans vos mains.

Tristan :

Essaye voir Pierre, tu verras c’est très impressionnant.

Ronald :

Très bien, d’abord sachez que ce que je fais s’appelle un tour. Car comme son nom l’indique une fois fini, le tour revient à son point de départ, où tout redevient possible. Comme le ferait un potier qui modélise la terre à souhait.

Nous avons « ici » deux cas différents, deux possibilités, soit vous connaissez très bien le nombre de pièces que vous avez dans les mains car vous les avez comptées, soit vous l’ignorez. Cette question de conscience n’est pas si importante pour moi.

Bien qu’il y existe deux possibilités, vous finirez par connaître le résultat, c’est-à-dire le nombre que vous possédez. L’élément qui importe pour moi est votre volonté. N’oubliez pas, c’est vous qui me le demandez.

Je vais alors vous aider à la comprendre, à moi simplement d’interpréter ce que vous portez à l’intérieur de vos mains ? Le tour est d’autant plus facile qu’il n’est pas pour moi une question d’argent, mais de potentiel que je lis, une réponse qui ne peut pas mentir.

Dans ce tour, c’est vous qui influencez le résultat. Si vous teniez dans la main mes propres pièces, je ne pourrais pas réaliser ce tour de façon efficace. Je n’arriverais pas à me concentrer suffisamment sur ce qui m’appartient. Mais ici ce sont bien vos Louis d’Or que je dois compter.

Pierre :

Vous saviez que je possédais des Louis d’or ?

Essayons de l’expliquer : c’est un peu comme si je percevais ces pièces que vous portez devant vous. Je peux les ressentir, les visualiser, comme quelque chose que vous possédez, votre livre personnel, vos pensées codées. Il me reste à interpréter ce dont je ressens, une émotion de l’âme qui s’exprime sous forme d’image mentale.

Cette faculté serait une sorte d’empathie naturelle que j’ai développée depuis des années dans mes tours de magie. Ici, c’est une question d’ondes que je perçois, une forme que je visualise, comme pour un pendule.

Pierre :

Je vous écoute maintenant, que ressentez-vous d’autre ?

Ronald :

Alors, je vois que votre potentiel est très intéressant, mais vous êtes encore au début de votre apprentissage.

Ces pièces en sont l’image et j’ai perçu qu’il allait encore se développer. Vous êtes sur la bonne voie, bientôt votre esprit prendra de la hauteur.

Humm, je devine que vous avez quatre pièces dans la main droite, et trois pièces dans la main gauche, n’est-ce pas ?

Pierre :

Mais c’est vrai vous avez juste, cela se passe vraiment comme ainsi, vous voyez ainsi des images?

Cela me parait tellement étrange. Et vous le reproduiriez avec d’autres choses. Avec un livre par exemple ?

Ronald :

Disons qu’ici, je préfère pratiquer des choses contrôlées. Je suis un magicien de spectacle, j’ai plutôt l’habitude de satisfaire le public pour le rêve. Mais les livres sont de très bons moyens pour réaliser un tour.

Si je le voulais cela pourrait me servir à d’autres pratiques, à de la magie d’autres époques dans un but curatif par exemple.

Nous nous arrêterons à la prochaine ville, je vous trouverai ce par quoi il faut commencer.

Pierre restait bouche bée, cette démonstration ne pouvait s’expliquer. Bien que disant ne pas y croire, il avait eu sous les yeux une preuve de ces dons magiques. Sa propre volonté avait permis à ce tour de se dévoiler.

Tout en conduisant, ce magicien arrivait à compter les pièces sans les voir, à les sentir sans les toucher, à les entendre sans les manipuler. Un don de la nature qu’il savait partager pour le plaisir des rêveurs.

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